En arrivant à Kochi (ex Cochin), on se rend vite compte que ce n’est pas une ville indienne comme les autres. Au cours des 6 derniers siècles, la ville fut colonisée par les portugais puis les hollandais et enfin les anglais. Cette longue présence européenne a laissée de profondes traces que témoignent aujourd’hui le style architectural des habitations, les églises, le cimetière hollandais, le palais hollandais transformé en musée et le fort militaire installé au bord de mer, protégeant la colonie des velléités des autres armées européennes. Autre singularité - mais en est-ce vraiment une dans un pays où se côtoient tant de religions ? - la présence d’une synagogue bâtie par les colons juifs présents bien avant l’arrivée des européens.
Pour finir avec cette petite partie historique, je ferais une grosse omission si je ne mentionnais pas l’apport des chinois à la population de Kochi : les filets de pêche et plus spécialement le mécanisme de mise à l’eau et de sortie de l’eau pour récupérer le poisson pris dans les mailles du filet. Le système repose sur un ingénieux dispositif basé sur le principe du balancier et du contre poids. Je vous laisse découvrir ces filets sur les photos qui sont plus parlantes.
Il y a deux manières de rejoindre Kochi depuis Ernakulam où s’arrête le train. Kochi étant situé à l’extrémité d’une péninsule, le plus pratique, le moins cher et le plus rapide est sans conteste le ferry. Toutefois, l’accès par la route est possible mais sans intérêt pour le touriste.
La traversée en ferry, qui dure environ 15 minutes, est une douce préparation à l’atmosphère de Kochi. Très vite, après la corvée de trouver une chambre, je me rends compte à quel point Kochi est paisible où même les conducteurs d’auto rickshaw sont sympathiques voire blagueurs. A Ooty, j’avais déjà noté cette atmosphère de – relative – quiétude. Décidément, ça n’a vraiment rien à voir avec le nord de l’Inde. Et heureusement que je finis par le sud, comme un bon dessert après un repas que l’on ne regrette pas d’avoir mangé mais dont on sait que l’on y goutera pas de nouveau.
Par contre, je gouterais bien une nouvelle fois une excursion dans les backwaters. C’est une série de lagunes constituées en réseaux de canaux entre la mer et les terres, une sorte d’immense Venise, pour faire une comparaison que j’ai lue. On est parti très tôt le matin avec une dizaine d’autres personnes pour, après une bonne heure de route, rejoindre un house boat amarré sur un de ces canaux, qui peuvent mesurer aussi bien plusieurs centaines de mètres que quelques centimètres, tout juste suffisant pour faire passer une pirogue. On a donc passé toute la matinée à naviguer entre deux bandes de terres, des iles pour la plupart, et à admirer le superbe paysage qui s’offrait à nous. De temps en temps, on s’approchait de pécheurs qui draguaient le fond des eaux pour remonter des coquillages, une matière première importante pour l’économie des backwaters. On s’est aussi arrêté chez une famille dont l’une des activités est de récolter le jus des fleurs de cocotier. Dans les premières heures qui suivent l’extraction du jus, il est bu par des enfants, comme un médicament, et au bout de quelques heures, ce jus se transforme pour devenir une sorte de liqueur qui au bout de plusieurs mois de fermentation devient un alcool, destiné aux adultes.
Nous avons fait halte le midi pour déjeuner avant de continuer notre excursion dans les canaux mais sur une pirogue. Cette fois-ci, nous avons pénétré plus à l’intérieur des terres sur un canal tout juste large pour faire passer une seule pirogue. A nouveau, on s’arrête chez une famille qui vit en partie de la coco. On sait tous que de la coco on obtient du jus ainsi que la pulpe. Mais saviez-vous que l’on peut fabriquer de solides cordelettes avec la partie molle de l’écorce une fois séchée ? Cette gentille famille qui nous attendait nous en a fait la démonstration en live.
La deuxième partie de l’excursion fut assez courte au final. Mais c’est un bon début et qui sait si je ne reviendrais pas dans cette région passer plus de temps ?